AFFOJTICE- La Fraternité numérique JEUNESSE ET TICE

AFFOJTICE- La Fraternité numérique JEUNESSE ET TICE

La question éthique et les TIC en éducation

 

 

Présenté par :                                                          Au Professeur:

ZABIBU  KIZA                                                    DJEUMENI MARCELLINE

 

 

 

 

 

 

Année Académique 2011-2012

 

UNIVERSITE CATHOLIQUE D’AFRIQUE CENTRALE INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE

FACULTE DE PHILOSOPHIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 L’INTEGRATION DES TICE ET SES AVANTAGES EN  EDUCATION, Université Catholique d'Afrique centrale, Master 2, superviseur, Marcelline Djeumeni Tchamabe

 

Plan

I.1. Les avantages des TICE dans l’enseignement et dans l’apprentissage

I.2. Avantages pour les apprenants

I.3. Avantages pour les enseignants

I.4. Avantages dans les disciplines

 

  1. LA PROBLEMATIQUE DE L’ETHIQUE  FACE AUX TICE

II.1. Valeur éthique dans les TICE :

II.2. La responsabilité éthique

II.3. Les critiques soumises aux TICE

 

III. PERSPECTIVES POUR  L’AFRIQUE

III.1. Dépasser le technocentrisme

III.2. La dynamique de changement

III.3. Optimiser l’avenir

III.4. Vers une culture de collaboration pour favoriser l’apprentissage de   

         TICE

 

 

CONCLUSION

 

Introduction

Avec l’explosion de TICE il se pose de manière urgente en éducation, la nécessité de mener des recherches portant sur les changements issus de l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication dans les pratiques éducatives. Toutefois, l’analyse scientifique de faits éducatifs en relation avec les technologies informatiques ne va pas de soi. Il est, notamment, délicat de définir un objet d’étude qui se situe  clairement dans le champ de l’éducation qui a pour problématique l’éthique. Ainsi, nous nous demandons si  les Technologies de l’Information et de la Communication en éducation constituent-elles, en elles-mêmes un objet de recherche pour l’éthique ? Comment articuler le champ de l’éducation avec celui de l’informatique, et de l’éthique ?

L'objet de notre thème est de montrer que ces technologies apportent des nouveautés au sein de l'entreprise éducative.  Notre problématique est axée sur l’hypothèse suivante: Quel est l'impact des TICE sur l'entreprise éducative, Si aujourd’hui, l'innovation est considérée comme un passage incontournable avant d'atteindre la performance et l'efficacité. Certains auteurs ont même préféré être plus tranchant en affirmant que innover c'est gagner. En fait, les apprenants du XXI ème siècle devront non seulement avoir accès à des documents audio et vidéo, à des textes et à des données, mais aussi pouvoir les combiner, les créer et les transmettre. Notre société sera-t-elle en mesure de préparer les élèves à devenir des travailleurs du savoir, si oui, seront-ils en nombre suffisant? Il s'agit d'un enjeu critique auquel devront s'intéresser les systèmes d'éducation en Afrique. Tant et aussi longtemps que les ordinateurs demeurent confinés dans des laboratoires d'informatique, ils sont coupés du reste du programme d'études et de la vie des classes. Dès que les ordinateurs font leur entrée dans la classe, l'enseignant et les apprenants sont mis en présence de possibilités et de défis nouveaux dans la mesure où ils doivent non seulement apprendre, mais apprendre avec des ordinateurs. C'est notre capacité collective de reconceptualiser l'apprentissage et l'enseignement qui est aujourd'hui en jeu. La reconceptualisation suppose une revitalisation du rôle de l'enseignant, qui doit s’éloigner de la technologie utilisée dans les années 50 et 60 pour répondre aux exigences de l'enseignement.

 Poser le problème de la sorte, nous convie à de donner les parties qui constituent notre travail. Ce dernier  se subdivise en trois parties. La première partie consistera à donner les éloges, les avantages des TICE dans l’enseignement et les apprentissages du côté de l’apprenant et de côté de l’enseignant. Ensuite, dans la deuxième partie nous aborderons la problématique d’éthique  face aux TICE en soulignant ses limites et ses interrogations. Enfin, nous donnerons quelques suggestions pour dynamiser les tics en éducation et spécialement en Afrique. 

 

  1. I.    L’INTEGRATION DES TICS ET SES AVANTAGES EN  

                               EDUCATION

L'assimilation des TICE dans les écoles et les classes, de la maternelle à la fin du secondaire, en est encore au premier stade en Afrique et il faudra des années avant qu'on puisse en évaluer adéquatement les avantages pédagogiques. Par ailleurs, rien ne justifie qu'on mette un terme à l'investissement soutenu dans les TICE. L'expérience a montré que, dans le domaine de l'éducation, il est rare qu'on puisse faire état de façon convaincante de résultats positifs applicables à un grand nombre d'élèves. Aujourd'hui, cependant, un nombre de plus en plus grand de chercheurs, y compris des spécialistes de la cognition et des formateurs d'enseignants, admettent que le processus d'enseignement et d’apprentissage doit évoluer. Bereiter  soutient qu'il faut « diminuer les cours magistraux et le par cœur, l’accumulation et la rétention de faits, de principes et de méthodes, pour faire place à l’enseignement afin de mieux comprendre l'apprentissage tout au long de la vie et l'acquisition d’habiletés supérieures de pensée »[1].

I.1. Avantages des TICE dans l’enseignement et dans l’apprentissage

L’utilisation des TICE peut ainsi aider à la mise en confiance des élèves, à l’acquisition de l’autonomie, à la conduite de la recherche de l’information. En effet, du coté éducatif, les TICE ont leur avantage par rapport à l’enseignement, à l’école et en famille. Car, tout le monde reste informer sur telle ou telle situation. Au niveau des enseignants, les TICE permettent l’élaboration d’outils communs de travail. Ces outils constituent de ressources pédagogiques, d’échanges de pratiques. En plus, les TICE présentent plus de commodité. Avoir accès en tout temps et en tout lieu à l'information et à d'autres personnes aux fins de communication et de collaboration permet plus de souplesse, tout en enrichissant les ressources pédagogiques. La communication avec les parents est facilitée par la mise à disposition du suivi individualisé de chaque élève. Pour orienter notre investigation, dans cette section, nous allons davantage donner l’importance des TICE sur trois niveaux : au niveau  de l’apprenant, de l’enseignant et des disciplines.

I.2. Avantages pour les apprenants

Nous allons essayer de répondre aux interrogations suivantes: Dans le travail des élèves Comment les TICE peuvent-elles servir? Faut-il organiser un libre accès aux systèmes d’information et de documentaire? Quels sont les lieux de cet accès ? Les TICE procurent des gains considérables en ce qui concerne l'apprentissage chez les élèves. Surtout, il faut se rappeler que ce n'est pas le médium en soi qui compte. Elles  fournissent aux apprenants une acquisition de compétences en informatique. Ils ont un accès à un choix plus large de matières et de cours. Ils approfondissent leur apprentissage des matières scolaires. La question de savoir si les TIC peuvent stimuler l'apprentissage a été résolue.

Dans son article apprenants à distance : « chefs d’orchestre » analyse des interactions entre dispositifs de formation et dynamique identitaires[2], Bernadette CHARLIER démontre l’utilité de l’usage de TICE. Elle nous partage une expérience des deux étudiants Gilles et Stéphane, qui ont suivi leur cours à distance.

Dans tous les cas, elle constate qu’il y a une interaction entre les étudiants avec les caractéristiques du dispositif qui interviennent. Ainsi, dit-elle : «  chaque étudiant exploite les TICE selon sa sensibilité, ses compétences pour en faire des instruments au service de son projet de formation. Bernadette voulait tout simplement analyser l’interaction qui existait entre l’étudiant et le dispositif avant et pendant la formation. Son but est de voir la manière dont l’apprenant profite des appareils à sa disposition. Gilles témoigne de l’avantage qu’il a eu dans cette formation à distance, grâce aux moyens technologiques qui étaient à sa disposition. On pourra ainsi assurer une certaine continuité dans l'apprentissage d'un élève lorsqu'il n'est pas en mesure d'accéder physiquement à l'école.

 Ensuite, Les élèves perfectionnent leurs compétences en gestion de projet, en raisonnement et en recherche. Les méthodes axées sur les projets individuels et en collaboration, donnent aux élèves la possibilité d'organiser et de mener un projet d'apprentissage, par exemple en examinant à fond une question donnée. Ils peuvent repérer des ressources et entreprendre la démarche caractéristique des travailleurs de la connaissance, y compris les scientifiques et les chercheurs. Les TICE favorisent ainsi l'intégration des matières, laquelle devient nécessaire à la réalisation d'un projet d'apprentissage.

En outre, les apprenants sont plus susceptibles de se voir proposer des activités et des projets d'apprentissage faisant appel à plus d'une matière à la fois. Les élèves ont accès à des sources d'information plus complètes et acquièrent des compétences de base liées à la recherche documentaire. Les TICE permettent de développer la capacité des apprenants, de sélectionner et d'organiser l'information ainsi que d'aiguiser leur sens critique. Les apprenants ont la possibilité d'apprendre à résoudre des problèmes dans des contextes réels ou encore à simuler des expériences qui, sinon, auraient exigé trop de temps. Par ailleurs, les élèves apprennent par l'action. Lorsqu'ils conçoivent et produisent leurs propres représentations de la connaissance, les élèves se trouvent engagés dans une expérience d'apprentissage plus efficace. Les apprenants participent à des discussions pendant et entre les cours.

Si on se représente l'apprentissage comme une expérience essentiellement sociale, on constatera que les communications enseignant-élève et élève-élève s'élargissent lorsque des investigations individuelles et en collaboration sont en cours. « Les apprenants peuvent collaborer pour interpréter les données et l’information recueillie dans le réseau, dans certains cas indépendamment du temps et de l'espace exercent une influence fondamentale sur la réussite des élèves dans des matières scolaires »[3]. Dans un tel contexte, les élèves tendent à revoir et à réviser plus longtemps leur propre travail, et à réaliser des travaux de plus grande envergure. Lorsque les conditions sont favorables, on met en évidence les résultats d'apprentissage. Pour cet effet, Entwistle, accentue le bienfait des dispositifs de formation permettant d’accompagner l’étudiant dans le développement de son apprentissage disant que : «  plus l’étudiant reçoit une information de qualité, cela lui permet d’aménager ses modalités et prendre les orientations pour les réaliser »[4]. En plus, la valeur des ressources didactiques bien fournies explicitent les objectifs et facilitent davantage la compréhension. Les technologies modernes d'apprentissage soutiennent les apprenants en milieu scolaire qui se livrent, l'apprentissage individuel ou coopératif, les élèves auront davantage l'occasion d'interagir en ligne avec des enseignants. D’une part, l'apprentissage autonome assisté par ordinateur s'améliore au fur et à mesure que des cadres d'apprentissage virtuel sont mis au point, ce qui renforce l'autonomie de l'apprenant et l'application des connaissances en situation réelle. D’autre part, l'apprentissage en collaboration avec l’ordinateur en réseau comme soutien fera appel à la capacité de la personne de participer avec d'autres à des études, à la résolution de problèmes et à une vaste gamme d'activités et de travaux d'apprentissage.

Par ailleurs, l'ordinateur branché en réseau permet la mise en œuvre d'un nouveau paradigme d'apprentissage, dans lequel l'apprentissage est considéré comme un processus actif favorisant l'acquisition d'idées et de concepts qui, par la manipulation des symboles et de données, sont mis à l'épreuve pour favoriser une compréhension plus approfondie. Les élèves acquerront des habitudes bien ancrées d’apprentissage continu, dans un monde qui évolue rapidement.

Autant, les apprenants en viendront à comprendre à fond ce qu'ils apprennent étant donné qu'ils sont en interaction avec des enseignants capables d'utiliser des techniques pédagogiques de pointe, car le degré de maîtrise change, la recherche indique que les apprenants sont capables de maîtriser des questions avancées beaucoup plus tôt qu'on ne le croyait auparavant. Ainsi, au fur et à mesure qu'ils perfectionnent leurs compétences dans un certain nombre de domaines et obtiennent des résultats produits de l’apprentissage, les apprenants ont de plus en plus d'occasions de communiquer à d'autres ce qu'ils savent. Ceci dit, l'utilisation par les élèves de l'ordinateur branché à un réseau, c'est-à-dire l'instrument polyvalent qui convient le mieux au renforcement de la communication entre les êtres humains, entraînera une multiplication des occasions de rencontre dans des contextes. Socioculturels très variés. Il est donc indispensable d’amener ces jeunes vers les nouvelles technologies, qui permettent un travail autonome considérable. Par exemple, le jeune qui utilise lui-même un logiciel ou un site Internet contenant des exercices, qui apprend à rechercher de manière intelligente sur Internet, sans l’aide d’une quelconque autorité etc. cela aide à améliorer les performances.

Les technologies ont donc un grand rôle dans le regain de motivation à apprendre. En effet, aujourd’hui, les jeunes sont très vite amenés à utiliser ces technologies. Le succès de l’Internet et des jeux vidéo permettant d’ailleurs d’aller au-delà du simple fait de «jouer, est le reflet de l’intérêt pour ceux-ci. Il en découle que les plus jeunes se sentiront concernés dès qu’une activité utilisant les TICE sera proposée et seront bien plus motivés à suivre et à participer activement au cours.

 

I.3. Avantages pour les enseignants

En classe, l'enseignant peut utiliser son temps de façon plus efficace en aidant les élèves à chercher  l'information et à en dégager le sens en se contentant de la transmettre. Il accorde plus d'attention aux élèves. Libéré de l'obligation d'être, la seule et unique source d'information, l'enseignant peut diriger son attention vers les besoins et les capacités des équipes d'apprentissage et de chacun des élèves. L’enseignant devient ici un facilitateur, qui motive l’action de l’élève qui prédomine. L’enseignant assure maintenant le passage de la dépendance à la pratique guidée puis de l’indépendance à l’autonomie, en posant un diagnostic tout au long des activités. Il s’attache aux compétences cognitives par des exercices et en variant les compétences : situation -problèmes, tâches significatives, réelles. Les méthodes d’enseignement vont être individualisées, différenciées, laissant plus de temps à l’étude, à l’analyse, à la comparaison, l’évaluation, des contacts fréquents. Les outils utilisés seront des outils de simulation et de jeux, des problèmes.

 

Il importe que les enseignants perçoivent clairement le lien entre l'utilisation des TIC et le programme d'apprentissage. La présence d'ordinateurs dans les écoles vient en aide aux enseignants qui tentent d'initier les apprenants à des modes d'apprentissage par l'action.

Ainsi, les enseignants acquièrent avec leurs élèves des connaissances valables pour d'autres productivités. On devrait réserver des espaces de travail pour favoriser la collaboration dans l'acquisition de connaissances en ligne, autrement dit, des contextes d'apprentissage dans lesquels les apprenants doivent participer à la génération de connaissances et perfectionner leurs compétences dans des champs d'études précis. Le site web par exemple, permet à l’enseignant d’économiser beaucoup de temps sur la création des différents outils qu’il peut utiliser en classe et aussi le tient à jour sur les nouveautés apparues dans la semaine.

L’enseignant pourrait même utiliser le blogue avec les parents pour communiquer, mais aussi pour qu’ils puissent s’intégrer dans le développement de leur enfant. De plus, à l’aide du tableau blanc interactif, l’enseignant va pouvoir intégrer les éléments d’un problème à travers une situation réelle.

 

En somme, Pour en revenir à notre problématique de départ, ce constat nous porte à croire que l’école de demain sera ce que seront ses enseignants : tantôt dynamique et innovante tantôt statique et conservatrice. Certainement pas une école unique où la technologie toute puissante constituerait un facteur d’uniformisation faisant de l’enseignant médiocre un bon maître et du maître innovateur un technicien docile au service d’une technologie toute puissante. L’enseignant est gestionnaire des apprentissages, il guide, anime, dirige, conseille, explique, régule, remédie.

   1.4. Avantages dans les disciplines

Nous allons répondre à des telles questions : quel est le rôle des TICE dans les pratiques pédagogiques ? Servent-elles à animer la classe entière ? Quels sont les usages actuels des TICE dans les disciplines ou en interdisciplinarité ? Les chercheurs socioconstructivistes laissent entendre que la quasi-totalité de ce que les enfants apprennent est fonction d'interactions sociales. Ils estiment qu'il est très important, aux fins de l'apprentissage, que les ordinateurs puissent soutenir les interactions et les discussions personnelles, pendant et entre les cours. Et nous pouvons le concrétiser de cette façon à partir de cette image suivante :

En ce qui concerne les matières à assimiler, la théorie contemporaine de l'apprentissage met l'accent sur les idées complexes  telles qu'elles se présentent dans des situations réelles parce qu'on sait maintenant que les apprenants, en milieu scolaire, sont capables d'une réflexion plus poussée que celle qu'on attendait habituellement d'eux.

Enfin, Les attentes concernant les rôles de l'enseignant et de l'apprenant sont plus grandes, et les TICE peuvent soutenir ce processus de transformation. La mission des enseignants professionnels continuera de comprendre des dimensions intellectuelles, sociales, affectives, physiques et morales. Cependant, l'application d'un nouveau paradigme d'apprentissage, facilité par les TICE, commande une analyse critique des motifs dits légitimes, nommément les fondements sociaux, pour le maintien de ce qu'on appelle les cours magistraux, la transmission verticale d'information suivie d'examens centrés sur des connaissances apprises par cœur. Si, depuis un certain temps, on assiste à une diminution de l'enseignement magistral et à l’augmentation des activités de projets et de l'apprentissage autonome associés à l'utilisation des TICE, ces changements entraînent une transformation radicale de l'identité personnelle et sociale des enseignants et des apprenants. En outre, le passage à l'enseignement pour faire comprendre suppose que les apprenants en milieu scolaire possèdent des capacités de réflexion supérieures et des compétences sociales[5].

Cependant, c'est l'approche de l'enseignement pour faire comprendre qui est la plus en mesure de nous aider à accomplir la tâche complexe consistant à créer les milieux d'apprentissage stimulants sur le plan intellectuel et les classes démocratiques dont auront besoin les citoyens de demain. Dans le contexte d'un effort pédagogique concerté et coopératif efficace, l'ordinateur branché en réseau devient un instrument essentiel à la nouvelle pédagogie. Les enseignants ont besoin de cet outil pour soutenir cette pédagogie et leur propre perfectionnement continu. L'apprentissage juste à temps est considéré comme une caractéristique importante du perfectionnement professionnel des enseignants de demain.

II.  LA PROBLEMATIQUE DE L’ETHIQUE  FACE AUX TICE

Une problématique est un ensemble d’interrogations que soulève une question pour laquelle aucune réponse ne fait unanimité ou consensus. Autrement dit, il s’agit d’un ensemble des problèmes qui tournent autour d’une question. Ainsi, l’éthique comme réflexion rationnelle et critique nous aidera à questionner l’impact des TICE  par rapport aux apprenants, à la relation entre les partenaires éducatifs. La question qui guide cette partie est celle de savoir quelle est la visée de TICE qui rend l’action intelligible, compréhensible à autrui ? L’éthique est un instrument de libération ; elle a une qualité et capacité de détachement et de mise à distance à l’égard des attentes et de pressions des productions. Cette mise à l’écart ne se traduit pas par le rejet de TICE. La dimension éthique soulevée par le sujet de l'intégration scolaire nous oblige à nous demander ce qui est moralement acceptable en tant que mesure éducative.

Par ailleurs, les TICE qui ont modifiés la vitesse des échanges éducatifs pose le problème éthique. La principale clé de réussite réside dans les capacités des  hommes de produire. Or, en éthique le facteur humain occupe une place centrale.  Et pourtant, aujourd’hui, ce sont les informations et les idées qui circulent en toute liberté. Les diverses applications des TICE sont considérées comme une nouvelle culture de partage d'informations, de communication et de coordination des activités. Toutefois l'impact de l'émergence des TICE s'étend aussi au mode envahissant sur les valeurs : spirituelles et de la personne. Alors, cette civilisation de TICE,   n’a pas comblé un besoin humain fondamental de comprendre notre présence sur la terre par exemple.

II.1. Valeur éthique dans les TICE 

La valeur de l’éthique, dans son entreprise tend à une prise en charge du sujet et de sa  responsabilité d’acteur à la fois privée et sociale. En cela, effectivement, l’éthique se veut d’abord une pratique éducative ; elle recherche l’excellence en humanité. Elle intervient  là où les choses ne vont plus de soi. En ce sens, la visée éducative apparait centrale. L’éthique nous amène au jugement prudentiel. Elle nous conduit plutôt à réfléchir à s’interroger sur les raison, les fondements de ses actions. Ainsi, dans l’éducation, l’éthique nous aide à nous poser la question du pourquoi de connaître, les raisons, le but de tel ou tel apprentissage et sa finalité, pour quelle raison, dois-je apprendre telle chose et pourquoi de son choix.

Ensuite, Avec quelle intention est-ce que j’apprends et j’utilise telle TICE. Le but de l’éthique est de favoriser la maitrise individuelle de soi. Elle aide  l’individu à s’ouvrir aussi aux besoins des autres, elle l’amène à vouloir tendre vers un équilibre entre ses désirs de liberté et ses responsabilités. L’éthique veille sur la valeur de la personne.

Néanmoins, Jacqueline Russ dans son ouvrage pensée éthique contemporaine nous dit ceci: «  les techniques nouvelles engendrent un accroissement brutal de pouvoirs de l’homme devenu sujet mais aussi objet de ses techniques. La situation est d’autant plus grosse de périls que l’homme tend à expérimenter et innover, non point dans un secteur qui lui soit extérieur, mais autrefois inaccessible aux puissances de l’homme que précisent, intervient aujourd’hui la technique humaine »[6]. Quand l’homme est en danger de science, dès lors, l’appel à l’éthique surgit dans son urgence. Une nouvelle visée est requise, qui mette fin à la démoralisation de l’homme privé de repères. Il nous faut travailler et créer de nouvelles fondations éthiques. La production technique représente une organisation du monde, un abandon loin de l’être, elle nous impose une nouvelle problématique éthique. Un avantage éthique, en ce qu’elle respecte l’être de celui qu’on éduque, en refusant d’en faire un produit. Ensuite un avantage pratique, en ce qu’elle privilégie le global par rapport  à l’analytique.

 Ensuite, J. Russ continue en disant que : «  exprimant le vide ontologique, la technique de notre temps nous questionne, opaque et énigmatique de notre destin, elle appelle la transparence  de la réflexion, une reforme de mutation de l’éthique autour de nouveaux principes et  une théorie de nouvelle responsabilité »[7]. Autant, tout TICE, accompagné par l’éthique formera les partenaires à ne pas abuser de l’excellence humanitaire, celle d’être au dessus des choses. L’éthique est liée donc à la délibération et à la prise de position équilibrée plutôt qu’à la seule exécution de règles mécaniques ou directives de la machine sans tenir compte soit de l’échange ou du dialogue avec les autres. Dans la délibération éthique, le sujet évalue d’abord ses apprentissages, ses décisions à la lumière des valeurs qu’il désire mettre en pratique. En ce sens, la visée de l’éthique dans les TICE est de conduire à réfléchir sur les apprentissages, délibère plutôt que de le faire d’une manière mécanique. L’éthique nous oblige à demeurer modestes dans l’usage de TICE. Ceci dit,  l’éthique repose sur une entente  issue de l’engagement de chacun  de respecter les valeurs construites. L’éthique ne peut se passer de ce retour constant sur le sens profond que l’on souhaite donner  à notre cohabitation. De ce fait, nous disposons beaucoup d’informations, mais de peu d’explications sur le sens de la vie. L’être humain s’est toujours posé la question : la vie a-t-elle un sens ?

II.2. La responsabilité éthique

Dans son livre Principe de la responsabilité  éthique(1979), ouvrage qui  connaîtra un certain succès, Hans Jonas part de la question du pourquoi l'humanité doit exister. Dans cette œuvre, Hans Jonas y expose ses réflexions sur le rapport entre technologies et l'existence de l'humanité dont il, n'est plus du tout un fait assuré de nos jours. Par son énorme pouvoir qu'il a avant tout grâce à la technique moderne, l'homme a désormais les capacités de s'autodétruire en peu de temps. C’est pourquoi il y a ici une nouvelle question qui doit entrer dans le domaine des considérations éthiques. En se référant à sa philosophie de la biologie, Hans Jonas fonde l'impératif que l'homme doit exister, vu qu'il a comme tout être vivant, une valeur absolue qui lui est inhérente et qu'il s'agit par conséquent de protéger quoi qu'il en coûte. Dans la pratique, cela signifie que doit être interditetoute technologie qui comporte le risque aussi improbable soit-il de détruire l'humanité ou la valeur particulière en l'homme qui fait qu'il doit exister. Il a même vu une nécessité de faire progresser la technique afin de pouvoir trouver des remèdes aux dégâts déjà causés par elle. Ainsi, il serait  mieux que la technique et la recherche soient pratiquées dans un cadre bien défini et sous des conditions bien contrôlées, afin d'éviter qu'il n'en résulte d'autres effets négatifs.  Autant, Chez J. Russ, la responsabilité est un «  fait de répondre totalement de ses actes et de les assumer »[8]. Avec Jonas, elle s’étend désormais très loin, jusqu’à un futur lointain, dans lequel, désormais elle s’enracine.

Le principe de la responsabilité est une éthique pour la civilisation technologique que cet auteur nous invite à intégrer dans l’usage de TICE. Cette question de l’éthique est celle qui fonde le concept de responsabilité. Il ne doit pas y avoir d’ambiguïté affirme Hans Jonas : « Poursuivre le risque de la connaissance est un devoir suprême »[9]. Quoiqu’il en soit, la science doit changer de logique : « Une nouvelle science est requise, accompagnée d’une modération dans les fins contre l’immodération de l’utopie »[10]. La question fondamentale, conclut-il, est celle du rêve de l’authenticité humaine. C’est à l’issue de sa quête laborieuse d’une éthique de la responsabilité que l’homme peut arriver à prendre le dessus des techniques.  Hans Jonas refuse la croyance selon laquelle la technique saura toujours résoudre les problèmes qu’elle engendre. Pour lui, la technique moderne est devenue sauvage et elle doit par conséquent être domestiquée. D’autant plus qu’elle se trouve dans ce contexte ubuesque où l’homme croit contrôler la nature par le moyen d’une technique qu’il ne contrôle pas.

Au-delà de ça, Jonas estime que la technique est au moins aussi redoutable par ses réussites que par ses échecs. Cette capacité destructive de l’Homme, cette transformation de l’essence de l’agir humain est à la base de l’idée de Jonas de nouvelles obligations à imposer à l’Homme dans son rapport à l’avenir. Elle nécessite une transformation radicale de l’éthique vers une éthique moins anthropocentrique qui permettrait à l’homme de retrouver ses racines biologiques et naturelles. Dans cette éthique pour l’avenir qui est avant tout une pensée du long terme. Pour Jonas, cette éthique, à cause de l’idée d’autolimitation responsable de l’Homme peut être justifiée sur la base de la simple raison. Son principe fait appel à la responsabilité collective et personnelle en développant des stratégies d’autolimitation de la liberté humaine, ainsi qu’un profond respect de la vie.

 Le concept de responsabilité s’exprime sous forme d’un impératif catégorique. La toute-puissance de la technologie requiert une nouvelle éthique, plaide pour l’extrême urgence de nous doter d’une éthique pour la civilisation technologique, qui serait basée sur le principe de la responsabilité. Sa thèse part du constat que la promesse de la technique moderne s’est inversée en une menace de catastrophe : « la science confère à l’homme des forces jamais encore connues, l’économie pousse toujours en avant dans une impulsion effrénée »[11]. Nous avons besoin d’une éthique dans l’état de crise, une éthique de la responsabilité, de la conservation, de la préservation. Au moment où l’avenir même de l’humanité est menacé, l’éthique de la responsabilité résulte en une obligation envers l’existence humaine : « l’homme doit être » et mener une vie digne d’être appelée humaine. L’avenir de la nature est compris comme condition sine qua non de cette obligation: « l’intérêt de l’homme coïncide avec celui du reste de la vie qui est sa patrie terrestre au sens le plus sublime du mot »[12].

Au clair, l’éthique de la responsabilité nous amène à nous tourner vers l’humanité future, remise intégralement à notre garde. En somme, nous n’avons pas seulement à assumer la charge des conséquences immédiatement prévisibles de nos actes. Il nous faut porter très  loin notre regard, de manière à maintenir l’existence de l’humanité future, la survie de l’humanité constitue le fruit de ce lointain regard.

 

II.3. Les critiques soumises aux TICE

Les spiritualismes posent cette question aux usagers des TICE : « nous laisserions-nous vers une conception du monde disait-il (1972) une vision industrielle du monde pour nous diriger vers une vision transcendante, c’est-à-dire vers une conception du monde fondé sur des valeurs spirituelles ayant transversées les époque? »[13].  La question qui résume cette théorie, c’est la préoccupation de la relation entre la personne et le monde.

Le fait que nous manquons encore de recul vis-à-vis de ces nouvelles situations et l’évolution ultra-rapide des technologies, nécessite une réflexion sur les liens qui peuvent exister entre les systèmes techniques et l’éducation. Décrire ou analyser une situation d’éducation ne suffit pas, encore faut-il que l’éducation soit comprise comme un projet humain inscrit dans diverses pratiques sociales et que ces pratiques soient rendues intelligibles par des modèles.

Si la fin de l’apprentissage est de former à une compétence chez l’apprenant, il faut reconnaître que cette fin n’est pas sans poser bien de problèmes. Autant, nous avons souligné les avantages des TICE. Ainsi, nous voulons dire ses failles. Il est d’usage aujourd’hui de dénoncer l’idéologie de l’outil informatique. Nous pensons pourtant du fait et du savoir-être. Ceci dit, la scientificité nous tombe dessus, et nous écrase. Parfois elle nous empêche de juger par nous-mêmes. Indubitablement, ces dispositifs présentent aussi des limites. En faisant référence à ce que disait Stéphane selon les cours qu’il suivait à distance. il avait une  ignorance langagière par rapport au cours qu’il recevait sur dispositif, parce qu’il manquait d’expérience. Pour cela,  le langage employé selon lui était trop technique,  étant avancer en âge certaines choses lui échappait. Et une chose essentielle qu’il voudrait recevoir dans cette formation, c’était surtout le coté humain. Or, il n’y avait pas d’humain là dedans. Comme pour dire que parfois les TICE laissent toujours quelque part l’homme insatisfait.

Ensuite, Boud, nous fait comprendre que quelque soit les qualités didactiques d’un dispositif ou les atouts d’un étudiant, ce qui compte le plus, ce qui est indispensable c’est l’ajustement. Car, chacun interprète les dispositifs selon ses intérêts, ses préférences. Ainsi, il nous fait savoir que même la notion d’ajustement est plurielle. Alors, un apprenant construit cet ajustement suivant le dispositif qui est mis dans son contexte[14].

Par ailleurs, les TICE ne nous procurent pas une compétence fondamentale, à part que celle qui nous nous acquerrons pour devenir un homme à par entière, sans être un rouage aveugle de la machine. Nous trouvons aussi la limite du fait, de son manque de compétence à être, autrement dit, celle qui fait de l’homme un adulte au sens plein du terme, un être responsable et autonome, capable dans tous les domaines, de juger par lui-même.

Nous ne nions pas la compétence spéciale que les TICE, procurent  aux partenaires de l’éducation, mais, elles présentent de limites. En plus, tout jugement de valeur en TICE est  chiffré. En tant que telles, elles se prononcent seulement sur ce qui est et non sur ce qui doit être. Et pourtant, l’être dont elles s’occupent  à savoir le fait éducatif, est de prime abord un devoir être, qui comporte, implicite ou explicite, une échelle  de valeurs. En plus, elles restent dans les descriptions, les constatations, les appréciations, de fait des valeurs tout à fait technique. L’homme ne peut plus parler de lui-même, par exemple être, c’est être bon en quelque chose qu’on peut constater et mesurer. Elles imposent un modèle humain du dehors[15]. Elles empêchent parfois l’homme à devenir lui-même. Il ne se pose plus de question sur lui-même, sa valeur, ses questionnements, il s’éloigne de l’autre en restant enfermer dans sa maison en jouant aux jeux des cartes. En outre, parfois les TICE, sont celles qui emprisonnent l’homme.

La technique conduit à une problématique universelle. Ainsi, une fondation de l’éthique semble s’imposer. L’urgence est de poser la perspective de la responsabilité individuelle et collective. Les techniques nous laissent dans l’incertitude. L’ordinateur, apparaît de nos jours comme l’outil idéal, mais l’essentiel n’est pas  dans l’outil. L’essentiel est de savoir exactement ce qu’on veut, comment on y parvient, et enfin, ce qu’on a réalisé[16]. La thèse instrumentale est aujourd’hui si répandue et parait si convaincante qu’on se demande quelle thèse on pourrait  bien lui opposer. Certains disent que les techniques pédagogiques rendraient le maître inutile, ce qui n’est pas vrai dans une certaine mesure. La tentation technicienne sera toujours de réduire le réel à ce qu’on peut observer, contrôlé, mesuré. L’ennui est qu’elles «prétendent réduire l’enseignement à ce qu’elles peuvent en dire, et donc en éliminer tout à ce qui n’est pas observable et mesurable, tout le qualitatif[17]. On ignore ainsi, les aspects le plus profonds de l’enseignement. D’abord la durée, car ce qu’on observe est par définition un résultat immédiat et à court terme ; mais comment cet enseignement a-t-il modifié la personnalité de l’élève ? qu’en restera-t-il dans vingt cinq ans ? Voilà ce qui échappe à tout contrôle  technique. Ce qu’on élimine aussi, c’est la liberté. Ou on la nie, ou bien on la programme, ce qui revient au même. Ainsi cet objectif de créativité des techniques nous fait oublier parfois, mais l’essentiel est la formation à long terme, d’un esprit libre, capable de penser et de juger, résultat  qui n’a rien à voir avec un enchaînement d’objectif. En se ramenant à une technique, celle-ci cesserait d’être une éducation.

III. PERSPECTIVES POUR L’AFRIQUE

Quelles sont les perspectives d'avenir d'une telle pédagogie, devant les impératifs d'excellence et de compétitivité d'aujourd'hui ? Dans un premier temps, on pourrait être tenté de répondre en invoquant le besoin d'humaniser le concept de TICE en éducation. Celui-ci ne devrait-il pas viser avant tout le développement intégral de chacune et de chacun des membres de la communauté d'apprenants de la classe? Dans un second temps, on pourrait souligner que tout projet centré sur l'apprenant est celui qui porte à l’excellence et l'apprenant passe inévitablement par un changement de paradigme du groupe-classe, changement qui permet, par exemple, de passer d'une classe conçue selon la formule à sa créativité. Les TICE nous offrent une occasion et un défi unique d’adopter une démarche plus humaine de l'enseignement et de l'apprentissage afin de préparer des citoyens avertis, démocrates et responsables sur le plan social. Par conséquent, on aurait tort ici de minimiser le rôle que l'enseignant est appelé à jouer dans l'éducation du travailleur de la connaissance de demain. La formation à la culture de la compréhension et du jugement pratique appliqués en classe est importante. Grâce donc aux possibilités technologiques offertes par les TICE, il est important d'organiser l'ensemble des connaissances disponibles dans l'entreprise et de les transformer en savoir-faire organisés. La canalisation de l'information dans la classe devient une dimension majeure de l'activité de l’apprenant et un véritable critère de sa performance. Pour notre Afrique, nous proposons donc ces points :

III.1. dépasser le technocentrisme

Dans le monde de l’éducation, l’appropriation d’une technologie emprunte souvent des chemins inattendus. Il ne manque pas d’exemples de situations où la technologie a été détournée pour être modelée en fonction des désirs et des besoins des utilisateurs. Ainsi, par exemple, après avoir été déçus par les logiciels éducatifs qui leur étaient proposés par des entreprises plus préoccupées, par le profit immédiat que par la recherche de la qualité, nombre d’enseignants ont récupéré des outils conçus au départ pour la bureautique professionnelle en leur trouvant des usages pédagogiques souvent très éloignés des préoccupations qui avaient guidé leurs concepteurs.   

Néanmoins, si celles-là deviennent uniquement des instruments économiques, alors le coté éducatif peut avoir son faille. En plus, il y a risque de se fier aux facilités des apprentissages. Par ailleurs, ces nouvelles technologies questionnent sur le modèle, le type de construction et de transmission du savoir. La centration sur la technologie nous paraît d’autant plus préjudiciable qu’elle génère bien souvent un attentisme.

Avec l’arrivée des hypermédias, des réseaux, de la réalité virtuelle et autre quincaillerie informatique, la pédagogie se voit une nouvelle fois poussée en avant par la technologie. Dans ce contexte de primauté de la technologie, l’outil nouveau est souvent idéalisé. Les outils produits par la technologie sont généralement décrits comme susceptibles de résoudre des problèmes latents au sein du système éducatif. Les échecs relatifs des outils technologiques sont pour une large part liés à une désillusion devant l’importance des espoirs suscités et la croyance que la technologie par sa seule présence pourrait modifier les règles régissant le fonctionnement des systèmes éducatifs.

La prégnance de la technologie a également faussé les règles du jeu en ce qui concerne l’ajustement entre l’offre et la demande. Sur le marché des TICE en éducation, l’offre a été configurée sans tenir compte de la demande et le plus souvent sans une analyse suffisamment approfondie des besoins. La meilleure façon de concevoir les TICE, c’est qu’il faut que leur usage s’inscrive dans un projet pédagogique dont la logique est dictée par le souci d’améliorer l’efficacité des pratiques éducatives et non par la séduction passagère vis- à-vis d’un jouet technologique. Comme nous aurons l’occasion de le détailler par la suite, le moteur d’une innovation pédagogique est avant tout l’enseignant porté par une certaine reconnaissance institutionnelle et sociale des pratiques nouvelles qu’il veut mettre en place. Dans ce contexte, l’apparition d’outils nouveaux qui trouvent souvent une légitimité sociale à travers le matraquage médiatique qui les accompagne  peut avoir une valeur d’appel mais ne doit en aucun cas servir de fondement à un processus d’innovation pédagogique.

III.2. la dynamique de changement

La technologie améliore la motivation et l’intérêt quand les élèves emploient  des applications informatiques qui adaptent les problèmes et ajustent les tâches pour maximiser leur expérience de réussite. Dans son essai sur les machines à communiquer parlaient à ce propos « des déviances, des variantes, des détournements et des arpèges » par rapport aux usages prescrits par les producteurs de technologie[18]. C’est, selon nous, à travers l’articulation entre une logique d’offre technologique et une logique d’usage que l’on peut analyser la dynamique du changement technologique avec, en ce qui concerne le domaine de l’éducation, un poids probablement plus important des usagers sur les modalités selon lesquelles les technologies pourront nourrir les démarches éducatives présentes et futures. Car, pour qu’il y ait changement, il faut que tout un système d’action se transforme, c’est-à-dire que les hommes doivent mettre en pratique de nouveaux rapports humains, de nouvelles formes de contrôle sociales. L’approche que nous pensons davantage susceptible d’entraîner à terme sinon un renouvellement du moins une modification en profondeur des pratiques éducatives repose sur une dynamique de changement, que les hommes apprennent à s’informer à l’outil informatique. Il s’agit à partir d’enseignants volontaires activement impliqués dans un processus d’innovation de favoriser l’extension de pratiques innovantes à d’autres sites en favorisant un effet de contagion. Dans cette perspective, il convient de faire des personnels de terrain, qu’ils soient enseignants, ou enseignés des acteurs du changement plutôt que des hommes de troupe disciplinés prêts bon gré, mal gré à mettre en œuvre les directives qui viennent d’en haut. Dans cette approche, il faut bien se garder de céder à la facilité en déléguant à la base toutes les responsabilités sans leur assurer un soutien voire un encadrement suffisant sinon le risque est grand de voir, même les plus enthousiastes, s’essouffler et retourner à terme à leurs pratiques routinières. Comme l’ont bien montré certains auteurs, tout changement en particulier lorsqu’il porte sur des prérogatives sur lesquelles se fonde la légitimité professionnelle de l’individu s’accompagne d’une certaine déstabilisation qui doit être épaulée par des mesures de soutien spécifique. Ce soutien peut prendre des formes variées : formation, soutien méthodologique, soutien psychologique, assistance technique.  Personnellement, nous avons été amenés à tester plusieurs stratégies de soutien parmi lesquelles la possibilité de créer des lieux de rencontre entre les enseignants des différentes institutions où il est faisable à chacun d’échanger par rapport aux problèmes auxquels il est confronté, de discuter des solutions possibles. Ou bien encore de se voir conforter dans certains choix constitués des apports essentiels pour aider à quitter les chemins balisés des pratiques routinières pour s’engager sur les voies incertaines de l’innovation. Mieux connaître les mécanismes par lesquels l’innovation peut s’installer dans un système d’éducation ou de formation pourrait permettre selon nous d’infléchir la tendance à l’éloignement, que certains voient comme inéluctable, entre l’école et la société, entre l’école et la vie, entre l’école et l’environnement multi-technologique qui nous entoure. Nous voulons nous donner les moyens d’anticiper sur ce que pourrait être l’école de demain.

III.3. optimiser l’avenir

Observer l’usage des TICE en éducation, c’est aussi  donner du temps au temps. Pour Chaptal, il ne faut pas attendre de l’usage des TICE des résultats rapides se traduisant par des modifications quantitatives des résultats traditionnels du système, les améliorations qu’on peut attendre sont essentiellement de l’ordre du qualitatif. De même, si les technologies peuvent accompagner les changements d’ordre pédagogique et favoriser une nouvelle vision de leur métier de la part des enseignants, cette évolution exige du temps. C’est la responsabilité stratégique de tous les acteurs que de prendre la mesure de la situation actuelle et de savoir-faire du temps un allié et non un adversaire. Les caractéristiques de l’école doivent évoluer, de prestataire de services éducatifs à une organisation apprenante ayant la volonté de préparer les citoyens du XXIème siècle. La démarche didactique doit être plus flexible, accessible, les modes de communication et d’interaction doivent être accrus. Nous pensons que les nouvelles technologies de la communication doivent être mises au service de l’éducation et de la formation: toutes les potentialités qu’elles recèlent doivent être exploitées.

Enfin, chaque classe devrait être dotée des équipements nécessaires pour faire accéder les jeunes à l’informatique. Cela suppose, notamment, que l’Afrique se dote de nouveaux instruments pédagogiques de qualité et adaptés à ses traditions éducatives et culturelles. Comme nous venons de le souligner, la meilleure indication que nous puissions avoir sur le devenir de l’école est avant tout liée au potentiel humain que la société pourra mobiliser et non pas au potentiel technologique dont elle disposera. Ce n’est pas la technologie qui fait l’enseignant efficace ou l’école de la réussite mais ce sont avant tout les qualités humaines et pédagogiques de l’enseignant. Il ne faut pas se méprendre, la technologie la plus sophistiquée ne permet pas de compenser les faiblesses des hommes qui sont amenés à la mettre en œuvre. On ne doit pas s’attendre à ce que l’arrivée des TICE dans les écoles ait une action significative sur l’enseignement sans exiger comme préalable une meilleure qualification du personnel.

 

 

 

Par ailleurs, ce qui définira le devenir de l’école c’est avant tout la dynamique des changements éducatifs avec tous les aléas que cette dynamique recouvre. Si on veut que l’école intègre les TICE c’est donc à travers les enseignants qu’il faut agir en profitant des pressions que l’environnement technologique qui nous entoure peut exercer sur l’école mais aussi de l’exigence croissante des consommateurs. Ainsi, non seulement les parents, mais aussi les enfants ne manqueront pas de s’interroger sur les raisons qui expliquent qu’à la maison il leur suffit d’entrer un ou deux mots-clés sur un ordinateur pour disposer des informations dont ils ont besoin pour préparer l’exposé du lendemain, alors qu’à l’école il leur faut consulter longuement de nombreux ouvrages pour aboutir au même résultat. Comme nous venons de le rappeler, les raisons objectives sont nombreuses pour que l’école change, il n’est pas non plus impossible qu’à ces raisons objectives viennent s’ajouter les pressions directes d’une société qui devient chaque jour plus cognitive c’est-à-dire plus centrée sur l’accroissement des compétences de l’individu et de la collectivité.

Autant,  les nouvelles technologies ne changeront pas l’école par leur simple présence, autant la dynamique de changement doit partir des acteurs eux-mêmes. Nous ne pensons pas que le couple technologie/ éducation, dont nous stigmatisions l’anachronisme au début de ce texte, soit condamnée à une vie séparée. Mais il est important de savoir que l’équilibre du couple dépendra avant tout de la volonté affichée par chacun des partenaires de définir les bases d’une cohabitation harmonieuse. Technologie et éducation sont faites pour s’entendre afin que l’une ne veuille pas à tout prix imposer à l’autre son point de vue. L’intégration des TICE en classe se fera à force de compromis, d’ajustements en gardant à l’esprit que c’est le sujet apprenant qui doit rester au centre du processus éducatif.

III.4. vers une culture de collaboration pour favoriser l’apprentissage de TICE

Les moyens financiers font souvent partie des éléments qui empêchent l’amélioration des apprentissages. Imaginons que le professeur demande d’utiliser un logiciel fourni ou de faire des recherches sur Internet à la maison. Les élèves ne possédant pas d’outil informatique ou de connexion à Internet seront désavantagés. Les apprenants ou les parents de l’apprenant n’ont pas forcément les moyens de se procurer du matériel informatique. Le professeur et l’établissement scolaire devront en tenir compte. Alors, la meilleure solution à ce problème est de favoriser l’informatique pour tous, en proposant du matériel informatique convenable à des prix raisonnables pour l’ensemble des utilisateurs. Il faudrait que les autorités éducatives investissent encore plus dans l’Internet pour tous. Pourquoi sommes-nous réticents à utiliser les outils technologiques ?

L’avancée technologique requiert constamment une éducation permanente. Cependant, notre mode de vie ne permet pas tout le temps d’être à jour dans ce domaine. Il faut aussi avouer que la plupart du temps, nous n’en percevons pas réellement l’utilité. Plusieurs raisons expliquent cette attitude, entre autres, l’appréciation que nous portons sur l’environnement technologique ou l’impact des transitions de notre vie sur notre relation avec la nouvelle technologie. La perception des avantages et des inconvénients liés à l’utilité des nouvelles technologies est alors appréciée différemment en fonction de nos besoins.

En effet, certains d’entre nous pensent que les derniers matériels technologiques ne servent pas à apporter une amélioration. Souvent, ces innovations ne nous permettent pas de créer des activités nouvelles ou prolonger des expériences positives. Ainsi, la perception de l’utilité des nouvelles technologies change considérablement. Encore, les technologies améliorent tellement la vie dans l’éducation puisqu’elles permettent la communication entre diverses écoles et facilitent la collaboration sur une échelle de temps très courts. On peut donc élaborer de plus grands projets avec un plus grand nombre de personne sans avoir à se déplacer grâce à tous ces médias qui sont à notre disposition. Ils permettent de stimuler plus rapidement et immédiatement la motivation des jeunes face aux projets présentés. En amenant, les jeunes à découvrir de nouvelles fonctions, on stimule leur intérêt et on les invite à vouloir en découvrir davantage et à se servir d’une technologie toute puissante.

En somme, Tous les médias sont de plus en plus puissants et facilitent notre vie. Le cellulaire par exemple, en cas d’urgence nous permet de rejoindre qui que ce soit n’importe où et les réseaux sont de plus en plus forts. Il est maintenant possible aussi, de rejoindre une personne, peu importe où elle est dans le monde à travers des programmes comme Skype. Les médias nous permettent de voyager partout dans le monde, de connaître rapidement les évènements importants qui se passent peu importe où nous sommes. Ils sont parmi nous et vont au devant de la demande et de nos besoins. Grâce à tous ces moyens, peu importe le niveau des élèves, les enseignants pourront élargir leurs horizons en permettant aux élèves d’échanger avec différentes personnes de partout dans le monde. Les jeunes pourront apprendre les différentes cultures qui les entourent et pourront le partager avec les autres. Les technologies permettent de rendre les enseignements plus signifiants et plus interactifs. Les réseaux sociaux permettent même de mettre en situation d’apprentissage l’élève par l’écriture, la lecture et la bonne formulation de phrase. Les technologies offrent tellement de possibilité et d’ouverture aux modifications et changements que les étudiants doivent pouvoir s’en servir convenablement.

 

 

 

 Malheureusement, encore beaucoup de personnes abusent de cette accessibilité, mais en invitant les plus jeunes à s’en servir selon les règles et le respect de tous, je crois que nous pourrions voir l’efficacité de ses outils dans la vie de tous les jours.  Il est donc tout à fait légitime de chercher à perfectionner les techniques et de se servir des techniques pédagogiques pour améliorer les performances. On peut penser que l’éducateur véritable agit de son mieux pour perfectionner ses méthodes, pour les rendre plus efficaces, tout en sachant que l’essentiel est ailleurs, dans le travail de l’éduqué sur lui-même, travail imprévisible et caché, que personne ne peut programmer.

 

Conclusion

A la fin de notre investigation, nous pouvons dire que l’éthique et la technologie permettent de créer  la valeur ajoutée en éducation. Manifestement, les nouvelles technologies améliorent les stratégies et méthodes pédagogiques, nonobstant leur enjeu majeur pour la société. En même temps, ces outils favorisent l’échange à distance, la collaboration, le travail en groupe, les relations interactives, actualisent les recherches et les données pédagogiques. Tout cela peut être à la base du transfert ou d’une formation des actes éducatifs pour les partenaires. Car, comme disait Perrault : « l’apprentissage n’est pas  seulement un fait d’information ou de communication, car un apprenant n’est pas un utilisateur banal »[19]. Il est opportun que les enseignants et les élèves se forment aux outils technologiques, non uniquement d’une manière spécifique, mais d’une manière plus conscientisée, pour mettre en cause les dérapages des TICE à l’école. Qu’ils se forment afin d’acquérir plus de performances dans leur modes de préparations des cours et de communication. Mais, que la machine ne remplace pas la craie.

La question pour nous est de savoir comment on pourrait susciter l’émergence de cette nouvelle éthique de la responsabilité, une éthique de prudence, de renoncement et de solidarité. Hans Jonas, tout en nous indiquant la seule issue possible aux défis planétaires, l’éthique, ne nous renseigne pas sur le comment y arriver. Nous dirions que la sensibilisation et la prise de conscience, dans un effort éducatif, pourraient fournir les bases du changement indispensable des attitudes et des comportements. Toutefois, l’urgence des défis que l’on affronte aujourd’hui demande l’établissement d’un projet politique démocratique, à inventer.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

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http:// campus ; sciencedu.org/mardif-sb/ b2/sujet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] BEREITER, (1998), Education and mind in the knowledge, New Work, Macmillam.

[2] http:// campus ; sciencedu.org/mardif-sb/ b2/sujet.

[3] M. RIEL, (1995). Cross-claroom collaboration in global learning circles : Sociological reviem Oxford,R.U, Backwell.

[4]N. ENTWISTLE, (2003). Concepts and conceptual framerworks underpinning the ETL proet. Edinburgh, University of Edinburgh.

[5] A.L., BROWN, (1994), The advancement of learning. Educational Researcher, vol. 23.N.12.

[6] J. RUSS, (1994), Pensée éthique contemporaine,  Paris, Fayard, , p. 12.

[7] Ibid. p. 13.

[8] Ibid, p. 31.

[10] Idem.

[11] B. CHARLIER, ( 1998).  Apprendre et changer sa pratique d’enseignement : expériences d’enseignants, Bruxelles, De Boeck.

[12] http://www. Charter-human-responsabilities.net/spip. Php ?article562

[13] V. BERTRAND (1993),  Théories contemporaines de l’éducation, Ottawa,  agence d’Arc.

[14] Cf. BOUD (2004). Control, influence and beyond: logies of learning networks. Networked Learning. Conference, University of Lancaster.

[15] O. REBOUL, (1989). Philosophie de l’éducation, Paris, PUF. P. 60.

[16] Cf. Ibid.,  p.61.

[17]Cf. Ibid., p. 62

[18] J. PERRIAULT, (1989),  La logique de l’usage. Essai sur les machines à communiquer,  Paris, Flammarion.

[19] PERRIAULT (1989) La logique de l’usage. Essai sur les machines à communiquer,  Flammarion.



06/02/2012
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